Nos Aussies déjantés, éclectiques et hyperactifs sont déjà de retour. Vous croyiez sérieusement que le Roi Gésier et le Sorcier Lézard des Antipodes allait profiter de la pandémie mondiale pour s’accorder une pause après une année 2019 bien remplie (un album de country, blues, electro-boogie, un autre de trash metal et une tournée mondiale) ? Et bien non ! Les revoici avec cette faculté à se renouveler sans cesse et à nous surprendre.

Le contexte : pandémie mondiale, confinement quasi-planétaire, concerts et festivals annulés, culture à l’arrêt et sous perfusion, départ de leur deuxième batteur et manager, Eric Moore. Réaction : 2 albums live avec Chunky Shrapnel et Live In San Francisco ’16, 1 film retraçant leur tournée 2019 et 1 nouvel opus studio, KG, second volet de leur exploration des accords de la gamme microtonale, après l’excellent Flying Microtonal Banana sorti en 2017. Pour bien comprendre, il s’agit de tonalités utilisées dans la musique africaine, hindoue et raï. L’enregistrement de Flying Microtonal Banana et KG a nécessité la modification et la personnalisation de leurs guitares et basses pour jouer des notes plus petites qu’un demi-ton.

 

La Flying Microtonal Banana de Stu Mackenzie

L’album s’ouvre sur un souffle de vent qui concluait Flying Microtanal Banana pour bien illustrer la transition et de douces  sonorités orientales annonce le calme avant le décollage : le heavy rock d’Automation et le blues touareg de Minimum Brain Size. 

Exit la brutalité et l’atmosphère de fin du monde d’Infest The Rat’s Nest, place avec KG à l’évasion, au calme et à la sérénité avec 2 morceaux phares  :

  • Straws in the Wind avec ses flûtes, sa cithare et surtout le chant du claviériste et harmoniciste , Ambrose Kenny-Smith qui donne à certains titres du groupe une atmosphère particulière déjà présent sur le superbe et westernien Billabong Valley extrait de…..Flying Microtonal Banana.

  • Honey, premier single de l’album, douce et romantIque ballade folk à l’accent indien n’est pas sans rappeler les expérimentations des Beatles sur les albums Revolver (1966) et Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967) où George Harrisson était influencé par la musique de Ravi Shankar et la philosophie indienne.

La pépite de cet album est à chercher du côté de l’électro avec Outrasport.  On savait déja le groupe capable de pondre des titres dansants et planants (Acarine et surtout Cyboogie de l’album Fishing For Fishies) . Ce titre, défini par ses membres comme de la  : « house turque 90’s’ », est bel et bien un tube de dancefloor dans la lignée du Madchester de 1989 et de son club mythique l’Hacienda ainsi que du Big Beat des années 90.

Mais au moment de conclure, le sextet remet les pédales de distorsion, d’overdrive et de fuzz dans son rock microtonal pour le lourd et sabbathien The Hungry Wolf Of Fate.

Pour ceux qui en doutaient encore, King Gizzard & The Lizard Wizard démontre, outre le talent de ses membres, une grande cohésion et une volonté d’aller toujours vers des terrains inexplorés. La question qu’on peut se poser est  : comment arriver à combiner autant de styles sans perdre son identité notamment sur scène ? La réponse se trouve, en ces temps sans concerts, dans plusieurs gigs de la tournée 2019 enregistrés à Paris, Bruxelles, Adélaïde, Londres et Ashville (disponible uniquement en version numérique) ainsi que dans les albums live, Chunky Shrapnel et Live In San Francisco ’16, disponible en CD et vinyle.

     

Info de dernière minute : à l’heure où cette chronique est rédigée, la sortie du prochain album, LW est prévue pour………. février 2021. Que vont ils trouver pour nous surprendre encore une fois ?