Ce combo australien de rock psychédélique composé de 7 musiciens existe depuis 2010 et a déjà à son actif pas moins de 15 albums dont 5 sortis rien qu’en 2017 et 2 en 2019 : Fishing for Fishies and Infest the Rats’Nest. Avant de nous intéresser plus en avant à ce dernier, il est bon de rappeler la diversité voire l’hétérogénéité de leur production allant du rock progressif en passant par le jazz, la soul, le garage, le country blues, l’électro pour arriver, et c’est ce qui nous intéresse içi, au trash metal. N’y allons pas par quatre chemins, et en toute subjectivité, il s’agit ici du meilleur album de metal de l’année 2019.

C’est pas compliqué ! Ça démarre à fond et ça ne va jamais s’arrêter (sauf si vous achetez le vinyle ; vous pourrez souffler en changeant de face.)! Du début à la fin, c’est un incendie qui vous consume!!!

Le thème général de cet album est marqué par les problèmes environnementaux où il est question de fin de l’humanité, d’apocalypse, d’exode spatial et de colonisation planétaire. On commence par Planet B : notre monde court à sa perte et il n’y a pas de planète de rechange :

Cette brutale entrée en matière n’est pas sans rappeler celle de deux des plus grands albums de Metallica : Ride The Lightning (1984) et Master Of Puppets (1986) avec des morceaux ultra-rapides : Fight Fire With Fire qui évoquait déjà l’apocalypse nucléaire et Battery.

Dans cette Terre ravagée, le seul espoir de l’humanité est l’exode et la colonisation d’autres mondes pour une petite minorité de privilégiés. Voici la lutte des classes version spatiale et metal avec Mars For The Rich avec un clin d’œil à la Révolution Russe au passage : « Red Mars. The tsars live large. Red mars for the rich, rich ». Le riff d’intro de guitare, le chant et la ligne de basse nous rappellent Motörhead tandis que l’harmonica et le synthétiseur donnent une touche psychédélique digne d’Hawkwind.  Organ Farmer c’est du pur trash metal  : une rythmique à la Slayer ou Megadeth. Il ne manque plus qu’Anthrax et on a l’album hommage au Big Four : Metallica, Slayer Megadeth et Anthrax. La première face se termine avec Superbug morceau lent et lourd dans la lignée de Black Sabbath.

Petite précision : dire que cet album serait un simple medley des grands groupes sus-cités serait une contre-vérité absolue. Non !! Ces musiciens surdoués et curieux ont décidé de s’attaquer au metal avec leur style et délivrent un album qui dépasse toutes les productions actuelles du genre. Outre cette déferlante de riffs et de solos de guitare, ce qui frappe (tu parles!), c’est le chant caverneux et d’outre-tombe de Stu Mackenzie. Si on se replonge dans les albums précédents (juste 14 au passage!), on ne l’aurait pas imaginé. C’est un peu le parcours inverse de James Hetfield, chanteur et guitariste rythmique de Metallica (écoutez son chant sur les 4 premiers albums de Metallica puis passez à The Unforgiven et Nothing Else Matters sur le «Black Album»).

Retour à notre apocalypse sonore : le monde touche à sa fin. Que faire ? La seule solution devant une telle catastrophe planétaire reste l’exode et la colonisation. : « Forest desertify. Ocean wave amplify. Constant tornado sky ». C’est Venusian 1, qui avec sa rythmique, ses solos de guitares et cette double batterie, nous emmène vers Venus : « There is one Planet V ».

Pas le temps de souffler, s’ensuit Perihelion, sûrement le meilleur titre : couplet et refrain martials, pont avec envolée lyrique et plage d’harmonica à la fin évoquant le coucher de soleil d’un western spaghetti : «Solar mountain comes on the perihelion». «Dans l’espace, personne ne vous entend crier» : cette phrase tirée du film « Alien, le huitième passager », Stu Mackenzie, survitaminé, n’en à que faire et hurle son road-trip interstellaire qui le conduit à Venusian 2.

En écrivant les paroles de Self-Immolate, nos Australiens n’auraient pas imaginé que leur pays subirait de terribles incendies l’été suivant  :  » to be set on fire…….ly catch on fire…..Auto-Cremate. Self-Immolate». Côté musique : une rythmique ultra speed, des roulements de grosse double caisse façon Slayer, un chant digne de Lemmy Kilminster, le tout nappé de sonorités psychédéliques. On se dirige tout droit vers l’enfer. Ah, ça tombe bien ! Nous y voila avec Hell, qui conclut l’album en beauté (si on peut dire).  Satan nous ouvre la porte de son royaume et nous montre où l’humanité mérite de vivre :  « …Infest the rats’ nest »  ( le nid de rats ). Ce dernier titre nous achève par sa brutalité et son caractère définitif.

Bilan : cet album est dans la lignée des albums dits «enragés » et trouve sa place au côté de Let There Be Rock d’AC/DC (1977) , du premier album de Trust (1979), de Ride The Lightning de Metallica (1984), de Nevermind de Nirvana (1991) et du premier album de Rage Against The Machine (1992) (liste non exhaustive). Musicalement, c’est un ensemble énergique, brutal, violent et compact où chaque élément est à place : pas de solo de guitare interminable, pas de titre de 15 minutes, pas de ballade pour calmer le jeu. Juste 9 titres qui s’enchaînent parfaitement et qui collent très bien à cette vision apocalyptique de l’avenir de l’humanité.

King Gizzard and The Lizard Wizard démontre avec ce disque son éclectisme et parions que leur prochain album ne ressemblera en rien à celui-ci.