En 1998, il y a donc un peu plus de 20 ans, nostalgie bonjour…, je découvrais fascinée un clip improbable, hommage au cinéma des années 50. Une introduction super longue digne d’un film hollywoodien soutient les premières images, mais c’est quoi ce truc ?!!

Dés les premières paroles plus de doute, oh mais c’est Jarvis Cocker, mais mais c’est Pulp, non mais wow la claque !!!

Pulp s’est essentiellement fait connaître quelques années auparavant avec « Different Class » un disque gai et sautillant, quoique pas tout à fait, porté par le sucés planétaire du single « Common People ». Cet album est devenu un incontournable de la britpop des années 90. Jarvis Cocker c’est un look d’un autre temps, une diction impeccable qui peut trancher avec l’accent cockney à couper au couteau de certains de ses confrères, un dandy aussi élégant que middle class qui plaque des paroles ô combien subversives sur des mélodies entraînantes avec un flegme à toute épreuve. Bref c’est formidable.

Mais là, avec ce nouvel album « This is hardcore », on touche réellement à la substantifique moelle du groupe et de l’époque. Ce disque est un chef d’œuvre ni plus ni moins. Dès le premier morceau The Fear, on rentre de plein pied dans ces morceaux psychodramatiques qui explorent les turpitudes du père Jarvis avec un cynisme délicieux.

Second morceau, Dishes avec son premier couplet génial : « I am not Jesus though I have the same initials. I am the man who stays home and does the dishes ».

Jarvis c’est l’anti héros, le mec normal qui se réveille avec une gueule de bois terrible en ayant oublié le faste de la veille au soir, pas d’auto sympathie, juste une lucidité aveuglante.

Piste 5, enfin le morceau de bravoure, le meilleur morceau des 90’s et au delà à mon avis, « This is hardcore », qui vous laisse hébété après le déferlement auditif et parfait que vous venez d’encaisser. Rythme de basse, entrée des guitares, final de cordes, avec la voix de Jarvis qui se fait martiale, suppliante, désespérée, mais que c’est bien !!!

On se croirait dans une arène, une danse infernale qui va se finir inéluctablement sur la plus cruelle des mises à mort. Celle de toute une époque, celle de l’insouciance qui ne reviendra pas, le début des choses d’adultes.

Jarvis décrit sur chaque morceau les crises d’angoisse, la fin des espérances politiques, la banalité du quotidien, les fêtes creuses, compare la vie à un téléfilm raté auquel on essaye de donner tant bien que mal un peu d’épaisseur. Il y a 20 ans il n’y avait pas de réseaux sociaux et pourtant la problématique est la même non ? La vie serait-elle juste une illusion ?

Pour tout ça, et pour bien plus encore, « This is hardcore » est un disque majeur, témoin d’une époque, témoin surtout de ce moment où assis sur ton lit en train de réviser ton prochain partiel tu te dis que la fête est vraiment finie…