Après une attente de 10 ans, le sextet berlinois nous revient en pleine forme et prêt, comme à son  habitude, à mettre littéralement le feu sur les scènes du monde entier avec un album aux sonorités électroniques, tout en gardant sa rythmique d’acier et ce mur de son qui les caractérise.

Ca démarre très, très fort avec Deutschland, titre puissant comprenant riffs de claviers obsédants, guitares saturées, section rythmique martiale portées par le chant toujours particulier de Till Lindermann. La chanson évoque le nationalisme dans l’histoire allemande, et est portée par un clip de 9 minutes dont le teaser avait fait polémique Outre-Rhin. On est rassuré (ou pas!) : efficacité et sens de la provocation sont toujours leur marque de fabrique.

Radio est un titre électro pop qui n’est pas sans rappeler l’efficacité de Depeche Mode et les sonorités de Kraftwerk. Originaires de l’Ex-RDA, les membres du groupe évoquent le temps où écouter les stations de l’Ouest représentait une fenêtre vers la liberté. Le propos est renforcé par un clip en noir et blanc montrant le transistor comme un objet de culte (à l’image de nos smartphones?) dans une société policière.

Le rythme ne faiblit pas avec Zeig Dich, dans le registre métal avec chants religieux en introduction. Premier bilan : après seulement 3 morceaux : on frôle le KO!

Et là surprise !!! Auslander, 3ème single, titre le plus commercial de l’album qui déstabilisera les fans les plus « hardcore » du groupe. Malgré son aspect léger et son côté pop, il s’agit d’une chanson sérieuse et d’une critique sur un problème contemporain : le tourisme sexuel.

 

Quel contraste lorsqu’on écoute Puppe, une comptine qui bascule dans la colère et la rage du chant de Till Lindermann et des guitares de Richard Zven Kruspe et Paul Landers.

Comme sur leur albums précédents, les six Berlinois abordent avec noirceur les dérives de la société contemporaine portées par une musique violente et agressive (les titres Zeig Dich, Weit Weg et surtout Puppe). Le romantisme est néanmoins présent avec Was Ich Liebe, morceau lent qui ouvre leurs concerts sur cette tournée 2019 et, surtout la balade Diamant, dont la sobriété montre un aspect moins connu du groupe. Au final, on a affaire à un album varié combinant guitares agressives, section rythmique basse batterie puissante et carrée, claviers futuristes et voix lyriques.

Le choix de chanter en allemand était un risque pour envisager un succès international. Le pari est largement gagné car cette langue colle parfaitement à l’atmosphère de cette musique martiale, voire oppressante pour certains , mais teintée de lyrisme et de romantisme et à la structure pop toujours efficace. On y retrouve, à l’instar de leurs aînés de la scène rock allemande (le krautrock), la volonté de se démarquer des modèles anglo-saxons. De même, l’imagerie post-communiste et sombre du groupe, notamment dans ses concerts, montre une identité berlinoise et européenne affirmée : consciente de son passée mais tournée vers l’avenir.

La grande force de l’album Rammstein, est de nous emmener une nouvelle fois dans cet univers, renforcé par des concerts impressionnants en termes d’effets spéciaux lors de leur dernière tournée européenne. Le groupe sera de retour en Europe à l’été 2020 pour une nouvelle tournée des stades .