Vous avez déjà été faire un tour dans le fonds joliment nommé « 281 RNB » de nos collections ? Le mystère du 281 c’est qu’on y trouve absolument de tout, du très bon comme du très mauvais ! Alors certes je vous l’accorde tout est question de goût mais s’y côtoient des artistes d’un jour maquillant leur voix à grand renfort d’autotune très vilain et de véritables virtuoses. C’est un peu la roulette russe, ou la boite de chocolats de Forrest Gump, on ne sait jamais sur quoi on va tomber…

Mais là, attention, pépitas !!!!

Quand cette petite galette est arrivée entre mes mains, j’avoue j’ai douté un instant tant le visuel de la pochette hyper coloré et légèrement too much ne m’inspirait rien de bon. Catalogage oblige, j’ai tourné et retourné l’album dans mes mains pour trouver un peu plus d’informations et là que vois-je ? Le producteur est… Leon Michels !! Ouh là là, Leon Michels le tueur, le maître des arrangeurs funk-soul, dont vous pouvez d’ailleurs emprunter tous les albums de son groupe les yeux fermés, El Michels Affair.

Donc ok, Leon Michels produit et Lady Wray chante. Lady Wray, avait déjà sorti en 2016 un premier album ; « Queen alone » qui donnait déjà dans le registre neo soul, rhythm and blues moderne mais sans ce je ne sais quoi qui fait la différence.

 

Je reste persuadée que c’est vraiment l’alchimie entre Nicole et Leon qui fait ici des merveilles et catapulte cet album à un niveau supérieur. On a même un petit pincement au cœur tant la voix de Nicole sonne comme la petite sœur de la regrettée Sharon Jones, dont la formation Sharon Jones et the Dap-Kings était également du fait de Leon Michels.

Big Crown Records nous présente donc ici « Piece of me » le deuxième album de Lady Wray, sous ce pseudo. Élevée à l’Église, puis repérée à l’âge de 15 ans par Missy Elliott, Nicole Wray, connaît un énorme succès en 1998 avec son premier album « Make It Hot », une référence en matière de R&B des années 90. C’est ensuite au sein du duo Lady, dans un registre bien plus soul, que l’artiste a évolué pendant quelque temps avant de se concentrer sur sa carrière solo.

Leon Michels fabrique un écrin musical parfaitement exécuté retrouvant un son Motown impeccable sans caricature aucune. Mais si l’instrumentation et les arrangements sont sublimes, force est de constater que Lady Wray n’est pas non plus en reste. Il suffit d’écouter la chanson titre, « Piece of Me », pour prendre la mesure de sa voix toute en puissance et profondeur. Écrits par Lady Wray, les textes, tous personnels, abordent sans manichéisme le bien, le mal, le triste et le joyeux.

Avec des morceaux engagés tels que « Where Were You », Nicole montre les contradictions est les failles du star-system. Cette chanson est une mise en abîme de sa propre jeunesse, une sorte de rideau tiré sur les coulisses de sa célébrité précoce. Les tensions raciales, la foi et son éducation religieuse apparaissent en toile de fond du portrait au vitriol qu’elle fait de l’Amérique dans « Beauty In The Fire ».

 

Toutefois, cet album n’est pas un monolithe vintage inébranlable, mais un véritable couteau suisse de l’humeur. Vous êtes contents, ça marche, vous avez l’énergie d’une écrevisse en PLS ça marche aussi ! En sont pour preuves des morceaux hyper funky comme « Under The Sun » et « Through It All » . Les aficionados du R&B des nineties se rouleront de joie sur leur tapis en entendant ces chansons au groove joyeux implacable !

 

Lady Wray, avec la complicité discrète mais reconnaissable les yeux fermées de Leon Michels, signe une belle œuvre soulful. Alternant des morceaux très vintage aux accords Motown des années 60, et des morceaux une peu plus R&B hip hop funky old school connotés 90’s, « Piece of me » est vraiment une très belle réussite. « Piece of me » est finalement très bien nommé tant l’intention est authentique de faire partager par Lady Wray un morceau de ce qu’elle est et de ce qu’elle aime. Sans tomber dans une soul passéiste, le duo Nicole/ Leon propose une version actuelle ce ce qui se faisait plutôt très bien il y a 60 ans, la connexion est faite entre soul et R&B et le fonds 281 se tortille de joie d’avoir enfin trouvé sa figure de proue !