Tropisme italien, quand tu nous tiens… Pour ceux qui auraient réécouté ad libitum, comme moi, certaines des plus belles chansons de Christophe sur le paradis perdu transalpin et la perpétuelle tentation de l’échappée de l’autre côté des Alpes, comme « Le dernier des Belvilacqua », « La dolce vita » ou « L’Italie », voilà que l’écoute du nouvel album de Jean-Pierre Como, paru en février dernier, permet de rester dans la note. Comme prenant le contrepied de son dernier opus, « Infinite » paru en 2018, exploration cosmique et sans limite des possibles musicaux, « My little Italy » annonce d’emblée une inspiration plus intimiste, attachée à un territoire précis, l’Italie, dont est issue la famille de Como.

Cet album des origines qui renoue avec ses premiers disques  (« Padre », « Express Paris Roma »…) travaille un jazz entre le cool langoureux mais nullement sirupeux, emmené par la voix de crooner modéré de Walter Ricci sur la plupart des onze titres qui composent cette œuvre d’une orfèvrerie délicate, et une rythmique fusion dense.

La batterie d’André Ceccarelli et la guitare de Louis Winsberg forment la charpente instrumentale entêtante de l’entraînant et énigmatique « Stanza 103 » tandis que le piano (Como, of course) et la contrebasse (Felipe Cabrera et Rémi Vignolo)  font un doux cortège à la voix vaporeuse du chanteur comme dans le très beau « Inside my Head », seule allégeance à l’anglais avec « These Four Walls » et « Dolce Tango » sur cet album. La langue globale comme l’italien font valoir, en les enrobant délicatement, les fugaces notes de piano et la contrebasse, dans des paroles d’un lyrisme erratique traversées de riantes épiphanies, .

Si l’Italie est bien sûr le fil rouge, vert et blanc de ce douzième album de Como, l’album embrasse plus largement la culture latine, faisant une petite échappée sonore brésilienne avec le galvanisant « Mania ».

Reprise d’un texte de Hugh Coltman et petite échappée pop charmante, « These Four Walls » ne peut manquer de faire écho à notre expérience de deux mois de confinement (« This days are vicious/ They will turn you Inside out ») et fait figure de par son titre encore, d’intrus, dans cet album qui sonne comme une invitation au voyage sans tomber dans la mièvre carte postale romantique.

« Dolce tango », instrumental porté par l’accordéon de Christophe Lampidecchia, reste dans la tonalité dominante de l’album, évoquant la torpeur méditerranéenne d’un soir d’été. Vraie merveille, le très enlevé et instrumental encore « Chorino Amalfitano » fait résonner un jazz bop aussi rigoureux que folâtre.

Que dire d’autre après écoute de ce sensoriel et voluptueux « My little Italy » que le cri-mantra de notre regretté Christophe : « Direction l’Italiiiiie ».