Il y a trente ans disparaissait l’immense bassiste compositeur arrangeur américain Jaco Pastorius.

Ce musicien mythique à révolutionné son instrument, la basse électrique fretless, en y introduisant des éléments d’interprétation nouveaux, mais il a aussi perpétué la tradition de l’arrangement de la musique pour Big Band dans le pur style d’un Gil Evans par exemple.

Le guitariste français Bireli Lagrène a croisé la route de Jaco Pastorius à l’époque de la lente descente aux enfers de ce dernier. Pour honorer les dates de concert d’une de ses dernières tournées en Europe, Jaco l’engage alors qu’il est à peine âgé d’une vingtaine d’années avec le non moins jeune et prometteur batteur Paco Sery.

C’est depuis cette époque que Biréli voue un vrai culte au bassiste américain au point de se plonger lui même dans l’étude de la basse fretless.

A l’occasion de ce trentième anniversaire Biréli Lagrène souhaitant rendre hommage à son idole décide d’enregistrer cet album « Remembering Jaco » en s’entourant du MULTIQUARIUM BIG BAND dirigé par le batteur belge André Charlier et le pianiste grenoblois Benoît Sourisse. Dans cet écrin, il se sent à l’aise pour recréer les compositions phares ainsi que des « standards » enregistrés par Jaco Pastorius et son Word of Mouth Big Band, avec de nouveaux arrangements nés de la plume de Benoît Sourisse, mais – fait extraordinaire – avec Bireli à la basse !!!

On est époustouflé d’entendre à quel point Biréli Lagrene a assimilé le style, le langage de la basse de Jaco mais sans jamais tomber dans l’imitation stérile, dans la paraphrase trop facile.

Dans cet album le bon goût est cultivé à l’extrême.

Les compositions maintes et maintes fois jouées par Pastorius ou d’autres musiciens, telles « Used to Be a Chacha » , « Liberty City », «Continuum »… brillent de mille feux parées qu’elles sont dans de somptueux arrangements de Benoît Sourisse.

Les standards « Speak Like A Child », « Invitation », « Palladium » font preuve d’une énergie vitale hors du commun.

Toute cette belle musique est servie par la fine fleur des musiciens français, notamment Stéphane Guillaume aux saxophones, Denis Leloup au trombone, Pierre Drevet à la trompette…

Mention spéciale aux deux band leaders, André Charlier à la batterie dont le drive n’est pas sans rappeler un certain Peter Erskine, ainsi qu’au pianiste et organiste Benoît Sourisse dont les interventions sont toujours abouties et brillantes…elles nous replongent directement dans celles qu’un certain Herbie Hancock faisait sur les enregistrements originaux.

Cerise sur le gâteau, ces plages musicales sont ponctuées d’interludes au cours desquels le célébrissime batteur Peter Erskine, compagnon de route de Jaco au sein du groupe Weather Report, nous livre des anecdotes, des ressentis intimes sur le fait d’avoir croisé un tel monstre musical. Cela donne un éclairage spécifique et une chaleur humaine particulière à cet hommage si riche en émotions et musicalité.

Une belle invitation pour une escapade musicale… sans masques, sans vaccin ni pass sanitaire… de la joie, du bonheur à l’état pur !!!