Le 10 février 2020 comme un funeste présage à cette triste période de Covid 19 qui a emporté beaucoup de jazzmen , s’éteignait la flamme de la vie de Lyle Mays.

Si il est particulièrement connu pour son travail au sein du Pat Metheny Group comme compositeur, arrangeur et instrumentiste (pianosynthétiseurs) sa carrière s’étend sur près de quarante cinq ans.

Nous voici donc en 1986, Lyle Mays sort cet album éponyme qui est son premier. Il s’agit d’une invitation a découvrir un monde musical très riche aux influences diverses comme agrémenté d’épices venues de tous les continents.

Dès le premier titre on est emporté vers une évocation des Highlands écossaises, mais revisitée par une rythmique toute latine, une guitare jazz rock, un magnifique interlude de piano ou l’influence de Keith Jarrett est très présente et enfin pour finir un solo de cornemuse pour être sûr qu’on ne rêve pas…

Le deuxième morceau « Teiko » est paré de couleurs japonaises avec un développement planant qui n’est pas sans rappeler les envolées du groupe Weather Report.

Le morceau « Slink » et ses arpèges époustouflants est peut-être le morceau le plus Jazz de l’album ou Lyle Mays nous prouve qu’il maîtrise ses classiques ( influences notables de Herbie Hancock)

Dans « Mirror of The Heart » c’est Bill Evans qui apparaît pour prouver que le flambeau est bien repris, mais aussi des couleurs de Debussy, Ravel, Aaron Copland apparaissent.

Au fil des pistes on découvre une « Alaskan Suite » dont le premier mouvement reproduit à s’y méprendre ces grands espaces désolés et froids grâce la grande maîtrise des synthétiseurs de Lyle Mays. Le second mouvement évoque une musique plus urbaine ou la guitare « écorchée » apporte des couleurs très rock.

Enfin comme en musique tout est question-réponse, tension-repos, le dernier morceau « Close To Home » est comme un retour au calme, un hymne à la méditation introspective après toutes ces émotions et émerveillements. Cette composition est sans doute la plus connue de Lyle Mays et a été reprise dans d’autres styles de musique.

Les compagnons de route sur cet album sont Marc Johnson qui fut le dernier bassiste du Bill Evans Trio, un batteur péruvien Alex Acuña transfuge de Weather Report, un percussionniste brésilien Nana Vasconcelos, la guitare aux accents jazz-folk-rock de Bill Frisell, et le saxophone de Billy Drewes. Ces musiciens au talent rare toujours à l’écoute les uns des autres créent une musique certes élaborée, mais pas indigeste…une musique fraîche et subtile qui fait vraiment voyager.

Alors à une époque ou l’on ne peut plus aller très loin de chez soi, foncez sans hésiter dans ces cinquante minutes de musique…vous irez loin, très loin.