Quand le hard rock est votre matrice musicale et quels que soient les chemins musicaux que vous avez pu emprunter dans votre vie, il y a toujours un moment où vous ressentez le besoin de revenir à vos racines. Dans mon cas,  AC/DC a traversé toutes les époques et a aiguisé ma curiosité vers leur influence principale : le blues. Inutile de rappeler que des artistes comme John Lee Hooker, Muddy Waters, Albert Collins et autres sont à l’origine de l’émergence du rock’n roll dans les années 60 notamment à travers le British blues boom.

Malgré toutes les mutations que le rock a connu (pop, surf music, rock psychédélique, progressif, punk, metal,….) et la primauté du numérique dans les musiques actuelles (electro, rap,…), le blues reste toujours vivant et Joanne Shaw Taylor est l’une de ses meilleurs ambassadrices.

Découverte par Dave Stewart, guitariste d’Eurythmics, cette Anglaise, influencée notamment par Stevie Ray Vaughan et Albert Collins, s’impose rapidement en classant ses 2 premiers albums,  White Sugar (2009) et Diamonds in the Dirt (2010), dans les charts américains et gagne le respect de ses pairs, notamment celui de Joe Bonamassa. Reckless Heart est son sixième album et délivre un blues rock énergique, sensuel et efficace. Tout ce qu’on est en droit d’attendre de cette musique.

Dans cet album, sa guitare se met légèrement en retrait dans la structure rythmique pour mieux ressortir lors de soli furieux et endiablés et ce dès l’entame avec In the Mood. S’ensuit une étape vers la soul avec Reckless Heart et The Best Thing, où le son chaleureux de l’orgue Hammond et les harmonies vocales donnent une dimension gospel. 

Elle passe franchement la seconde sur Creepin, et Bad Love qui démontre, s’il le fallait encore, que le hard rock des années 70 est le petit-fils des grands bluesmen de Chicago, des premiers rockeurs des années 50 et le fils des groupes de la British Invasion des sixties.  Guitare agressive et piano boogie s’équilibrent parfaitement sur All My Love .

Des bleus à l’âme, il est en question dans I’m Only Lonely et I’ve Been Loving You Too Long. Gary Moore peut dormir tranquille. La relève est assurée.

Brian May de Queen disait que chez les guitaristes, la guitare acoustique différencie les hommes des petits garçons. Lorsqu’on écoute le folk de Break My Heart Anyway ou le titre Jake’s Boogie, qui conclut en beauté cet album, c’est bien à une Lady du blues qu’on a affaire.