L’archéologie allemande est reconnue notamment pour son apport à la fin du XIXème siècle sur les civilisations antiques. Le label britannique Soul Jazz Records, spécialisé à l’origine dans des compilations de musique noire et connu récemment pour sa trilogie Boombox sur la naissance du rap et l’émergence de la culture hip-hop,  a entrepris des fouilles dans la musique électronique ouest-allemande des années soixante-dix jusqu’au début des années quatre-vingt. Désireux de se démarquer du rock anglo-saxon, musiciens et ingénieurs du son de la R.F.A. de cette époque élaborent des machines de studios pour donner naissance au krautrock : une musique aux sonorités psychédéliques, orientales et robotiques . Ce sont ces trésors cachés que nous allons découvrir.

Commençons par Deutsche Wertabeit avec Deutscher Waid à l’atmosphère planante et aux nappes de synthétiseurs dans la lignées des Kraftwerk, Tangerine Dream et Klaus Schulze (liste non exhaustive).

 

De prime abord, cette musique, futuriste et élaborée par des perfectionnistes du son, peut sembler froide comme un hiver en Allemagne. Il n’en est rien lorsqu’on écoute Khali du groupe de jazz rock Dzyan qui combine nappes synthétiques et sitars. De même, musique traditionnelle turque et rock se rencontrent dans le titre Derulé du groupe Alex illustré par un clip kitsch à souhait. L’apport de ces influences orientales fait penser à un genre musical qu’on pourrait qualifier d’electro world.

 

Michael Bundt est l’une des figures clés de ce mouvement et ce n’est pas un hasard s’il est représenté içi par deux morceaux. The Brain Of Oskar Panizza annonce la techno et le big beat des années quatre-vingt dix et n’est pas sans rappeller les Chemical Brothers ou Fat Boy Slim.

Neon est une longue promenade nocturne et une réflexion existentielle et spirituelle (avec une narration en anglais et en français) sur la ville de cette fin du XXème siècle.

Cette ambiance urbaine est également présente dans Geisha de Missus Beasly où surviennent des images de villes typiques de l’urbanisme des années soixante-dix (les villes nouvelles de La Défense, Nanterre, Cergy Pontoise ou Marne-la Vallée en région parisienne). Ce morceau pourrait aussi illustrer certains films français de cette époque avec des scènes nocturnes représentant barres d’immeubles, places désertes éclairées et halls de gares du R.E.R.

 

Si les premières années, le krautrock se caractérise par un mélange de rock progressif, de musique contemporaine et de free jazz ; il laisse progressivement place à une musique au format plus concis, énergique et froide avec Neu! et le titre Neuschnee. Fondé par Klaus Dinger, ancien membre de la première formation de Kraftwerk, Neu! a eu une influence importante sur des artistes britanniques comme les Sex Pistols, Joy Division, Ultravox et Simple Minds.  Une synthèse entre musique répétitive et industrielle interprétée avec l’énergie et l’urgence du punk. Klaus Dinger fonda en 1976 La Düsseldorf qui rencontra également un grand succès et qu’on retrouve içi avec le titre White Overalls.

De même Pyrolator (pseudo du producteur Kurt Dahlke) dont le titre Die Haut Der Frau annonce l’arrivée du post-punk des années quatre-vingt.

 

Concluons avec Klauss Weiss, batteur de big band de jazz dans les années soixante qui a entrepris des fouilles musicales aux ambiances spatiales et cosmiques. Les titres Constellation et Wide Open Space nous projettent vers 1998 avec la sortie du premier album d’un des grands noms de la French Touch : Moon Safari du groupe versaillais Air.

 

Pour aller plus loin, je ne saurai trop vous conseiller cette excellente playlist disponible également sur notre site Bibliozik : https://www.youtube.com/playlist?list=PLt9l79ia108RhhX8l7HBNxg0f9I8b9ZoC