Lorsque on entend « Dury » on pense probablement en premier lieu à Ian Dury , célèbre auteur du titre (et de la rengaine) mythique «Sex & Drugs & Rock’n’Roll », personnage loufoque qui est arrivé à donner un rythme endiablé et dansant au punk-rock en créant une musique aux influences très variées.

Cependant, j’ai découvert la famille Dury en commençant par le fils : Baxter Dury, né en 1971 dans le Buckinghamshire au sein d’une famille d’artistes : sa sœur est danseuse, le reste de sa famille est plus ou moins impliqué dans la peinture quant à son père et bien… « Hit me with your rhythm stick »

On a la fâcheuse habitude de présenter Baxter comme étant « fils de » Ian (la preuve, c’est ce que j’ai fait) cependant il est intéressant de noter que mis à part le nom de famille et l’inextricable envie de danser, de bouger, de se déhancher, de hocher la tête, que nous procure leur musique, Baxter a su se détacher de l’influence de son père et créer un style bien à lui et tout aussi plaisant.

En 2002 et 2005 paraissent respectivement Len Parrot’s Memorial Lift et Floor Show, l’artiste se cherche, on a le début des instrumentations variées et des harmonies vocales qui accompagneront sa musique tout du long mais les albums n’arrivent pas à convaincre le public malgré la beauté des textes et un style musical assez psychédélique.

C’est en 2011 que Baxter installe les bases de ce que sera son univers musical avec Happy Soup, basses omniprésentes, un peu d’électro, une instrumentation singulière, une voix suave, des chœurs féminins (marquant le début d’une longue collaboration avec Madelaine Hart), des paroles assez humoristiques parfois, et surtout SURTOUT cette inexplicable envie de taper du pied et de hocher la tête…

(c’est tout de même un des albums préférés de Black Francis, le chanteur et leader du groupe Pixies!)

Après cette réussite Baxter poursuit sa route : pour son prochain album It’s a Pleasure sorti en 2014 (petite pose avec un cygne sur la pochette) il fait appel à Fabienne Débarre pour assurer la majorité des chœurs (suite à la non-disponibilité de Madelaine Hart) et se tourne vers une structure plus électro, plus répétitive avec la voix originale de notre cher Baxter et la voix chaleureuse de Fabienne qui s’associent à merveille et nous caressent les tympans en créant une sorte de « rythme balnéaire». Et c’est toujours aussi bon…

En 2017 sort Prince of Tears, album cathartique teinté d’une ambiance particulière car traitant de la rupture amoureuse vécue par le chanteur. Toute les étapes de la rupture s’étalent sur les 10 morceaux de l’album. Un album très chargé en émotion, avec un prince des larmes détruit qui prouve qu’on n’a pas besoin de beaucoup parler pour dire beaucoup de choses, c’est aussi à ça que sert la musique. Une nouvelle chanteuse fait son apparition dans les chœurs : Rose Elinor Dougall qui vient nous charmer les oreilles avec sa douce voix (en disant des choses pas vraiment douces sur le morceau « Porcelain » ou elle est la seule à chanter à l’instar de Madelaine Hart dans « Hotel In Brixton » sur Happy Soup)

Dès le premier morceau de l’album (qui est aussi le premier single sorti) cela donne le ton : on a toujours envie de danser et même d’apprendre la danse fabuleuse que Baxter nous présente dans son clip :

On se demande comment un artiste peut se renouveler autant tout en gardant un certain fil rouge (on ne confondra jamais Baxter et un autre artiste). Quand tout à coup, fin 2019, un single sauvage apparaît :

On retrouve un Baxter en roue libre totale, en mode dandy crasseux, qui nous balance un morceau qui bouge et qui atteste que Baxter est arrivé à franchir la pente qu’il escaladait avec difficulté sur la pochette de Prince of Tears. Une fois le single sorti, on nous apprend qu’il faut attendre le 20 mars 2020 afin de pouvoir écouter The Night Chancers, dernier album en date.

L’attente interminable laisse place à une délicieuse explosion musicale, les morceaux s’enchaînent de manière fluide et on ne parvient pas à s’arrêter, si vous pensez l’écouter, faites bien attention de faire savoir à votre entourage que vous serez totalement indisponible pendant 30mins. L’utilisation des voix de Rose Elinor Dougall et de Madelaine Hart (auxquelles s’ajoute celle de Delilah Holliday !) comme réponse à la voix principale, déjà expérimentée dans Prince of Tears, prend tout son sens ici dans « Hello, I’m Sorry  » ou dans « Saliva Hog » ou la superposition de la voix de Baxter et des chœurs sont soutenu par des instruments à cordes (et même un saxo). On a le plaisir de retrouver ces harmonies avec un Baxter très expressif, mais aussi dans une expiration sensuelle enregistrée que l’on va retrouver tout au long du morceau « Samurai  » ce qui donne à cette piste une ambiance très onirique. Piochant toujours dans de nouveaux genres, Baxter nous mixe son style original à des influences hip-hop sur le morceau éponyme (avec un chien qui aboie et couine en fond…si si et ça fonctionne en plus !) à l’instrumentation très mélancolique.

Bref, The Night Chancers est la meilleure preuve de ce qui est scandé à la fin de la dernière piste de l’album : « Say Nothing »

Ça c’est une certitude, Baxter loves us !