Nos Bacchantes s’appellent Amélie Grosselin, Claire Grupallo, Astrid Radigue et Faustine Seilman.

Leur projet ? Mélanger dans un univers sombre, tribal et presque sacré des poésies plus ou moins anciennes à des instrumentations plus ou moins loufoques (mais très travaillées) en alliant la puissance et l’harmonie d’un quatuor de voix à couper le souffle.

L’album commence par le morceau Aride qui nous emmène progressivement dans l’univers des Bacchantes. Tout d’abord des chœurs, puis une guitare électrique seule à laquelle vient s’ajouter une batterie, des tambourins, des maracas…et enfin le texte.
Pas de poème du XVIIIème ici, on commence par un texte écrit par le groupe qui nous plonge dans un univers assez naturel et élémentaire (plaine, terre, airs, vents, voile, bateau…) qui arrive à associer de façon cohérente « sirènes d’ Hawaii » et « rythmes de mort ».

Mais je vous avais parlé de poésie non ? Chose promise, chose due : les paroles du morceau intitulé Sécheresse sont en fait extraites d’un poème qui fait partie de la composition « Sécheresse » écrite par Edward James et mise en musique par Francis Poulenc. On retrouve sur cette piste un peu la même construction que sur Aride mais cette fois le chant ne disparait pas pour laisser place à la guitare, c’est cette dernière qui vient appuyer le premier vers répété en boucle pendant 1min30 ce qui donne un effet un peu psychédélique bienvenu.
Et puis à partir d’1min20 la batterie s’impose, le rythme du chant change, d’autres chœurs se rajoutent, des syllabes sont répétées, des riffs de guitare se lancent…une spirale hypnotisante qui nous tient jusque au bout…

Laissez vous entraîner par cette spirale avec le clip officiel, tourné en 16mm négatif couleur (rien que ça !) :

Je pourrais vous parler de morceau comme Hellébore Fétide , entièrement écrit par le groupe qui contient dans son instrumentation une scie circulaire et une plaque de four.

Je pourrais vous parler de Terre d’allégresse  dernière piste de l’album chantée en A cappella agrémenté de bruits d’oiseaux et de nature, qui tire son texte du chant des marais (ou chant des déportés), traduction d’un chant allemand composé en 1933 par les prisonniers d’un camp de concentration.

Je pourrais vous parler de la magnifique adaptation qu’est Marine du poème Marine – Eaux Fortes III de Paul Verlaine tiré du livre Poèmes Saturniens datant de 1866.

Au final je pourrais vous parler de tout ce qui fait que Bacchantes est un ovni inclassable mais rafraîchissant dans l’univers musical francophone, mais le plus parlant pour vous serait d’écouter, non ?