Qu’est-ce que signifie le nom de l’exposition Morfosonic ?
“Morfosonic » est une combinaison de deux mots : « morpho » et « sonique », le premier vient de morphê du grec et veut dire “forme”, le second vient de l’adjectif “sonique”, désignant ce qui est relatif au son, ainsi l’on peut lire une forme d’antilogie qui serait “Forme sonore” ou “la Forme du Son”, ce qui en soi est quelque peu absurde et en même temps poétique. Cette exposition traite de musique et des images qui lui sont relatives, à travers le prisme du design, nous parlerons donc de fabrication et d’expérimentation.

En quelques mots, quel est le point de départ de ce projet artistique ?
En partant des notions d’art conceptuel, s’intéressant à la fabrication de “systèmes qui créent”, Pépite s’attache à la notion d’émergence en création sonore ou visuelle. Que se passe-t-il quand un programme initialement conçu pour traiter des images, rencontre le son ? Et vice-versa ?
Nous explorerons le potentiel génératif du numérique (créer à partir de commandes codées) dans les disciplines rattachées au son et à l’image, grâce à la mise en place de systèmes automatisés. Nous souhaitons ainsi impliquer le public en lui proposant d’interagir avec les dispositifs par le biais d’expériences ludiques en temps réel.

Pourquoi avoir choisi de mettre en avant les collaborations entre l’humain et la machine dans cette exposition ?
Nous voulions vraiment susciter la réflexion sur la notion de création, mais aussi d’instrument, d’interface. À une époque où la technologie prend une place de plus en plus importante dans nos vies, il est essentiel de démystifier le concept de machine ou de programme. Ces concepts contemporains ont simplement remplacé ceux d’outil ou d’instrument. Si l’on remonte à quelques décennies, les programmes étaient de simples cartes perforées d’un langage compréhensible par une machine / instrument nommé orgue de barbarie ; son principe mécanique reste le même, quelque peu plus élaboré à notre ère numérique.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’installation d’orgue numérique au cœur de l’exposition Morfosonic ?
L’orgue numérique est un dispositif interactif développé au sein de notre studio. Son installation illustre les potentialités du design génératif que peuvent offrir les machines, en les ramenant au statut d’instrument, accessible avec lequel il est permis de jouer, de composer, sans notion préalable, laissant la part belle aux heureux accidents. L’orgue invite le public à explorer un espace créatif inhabituel où des époques se confondent, où l’on vient jouer et créer des combinaisons infinies.

Comment fonctionne exactement cette installation ?
Les visiteurs sont invités à écrire leur mélodie, d’abord graphique, en composant des signes sur des partitions vierges. Une fois composées, ces partitions sont lues par la machine, puis interprétées et traduites en sons numériques. Le visiteur va donc devoir s’emparer du langage qui le lie à l’instrument, à force d’itérations, de corrections éventuelles pour composer graphiquement sa propre œuvre sonore.

L’exposition ‘Morfosonic » adopte également une approche générative pour sa propre identité. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour créer une identité unique pour l’exposition, nous avons développé un système qui génère des affiches. Nous utilisons une police de caractères variable (c’est à dire évolutive) spécialement conçue pour l’exposition qui permet au texte de s’adapter à différents formats, mais aussi de se déstructurer en fonction de la lisibilité que l’on souhaite lui donner. La génération de la matière numérique accompagnant tous les visuels se fait à partir d’une banque d’image d’une centaine de pochettes d’albums cultes, on peut encore reconnaître par endroits certains disques. Ces visuels générés, se renouvelant, sans cesse en mouvement, résument l’approche de notre studio en matière d’identité culturelle.

En plus de l’installation d’orgue numérique, que peuvent attendre les visiteurs de cette exposition ?
En plus de l’orgue numérique, l’exposition présente également le travail de designers contemporains tels que Félicité Landrivon, Pierre Vanni, le studio Superscript2 dont la pratique contemporaine au service de commandes dans le domaine musical mérite une mise en lumière. On y retrouvera ainsi des accrochages d’affiches, support noble des graphistes, mais aussi du travail éditorial et d’identité.

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