Il y a parfois des moments dans la vie où on se retrouve avec une chanson qui nous tourne dans la tête comme ça, sans trop savoir pourquoi, comme un mantra satanique qui nous rappelle à son bon souvenir au moment où on s’y attend le moins.

En ce temps de fervente allégresse, je nourris une pensée obsessionnelle pour la chanson « Close to me » de The Cure, vous savez celle pour laquelle le clip met en scène le groupe dans une penderie en équilibre précaire sur le bord d’une falaise et qui va finir au fond de l’océan… Pourtant je n’ai pas regardé ce clip depuis un certain temps, ni même écouté la chanson, alors je m’y colle pour essayer de comprendre pourquoi j’y pense à peu prés toute la journée.

« Close to me » paraît en 1985 sur l’album « Head on the door », c’est probablement le titre qui lancera la carrière internationale du groupe avec un hymne pop audacieux et un clip de Tim Pope qui va rafler de nombreuses récompenses.
Je me souviens de « Close to me » diffusé sur M6 aux heures de grande écoute, c’était marrant ce clip, on comprenait pas grand chose. Des gars coincés dans une armoire normande qui continuent à faire de la musique alors que leur radeau de la méduse improvisé sombre au bas des falaises. Une resucée gothique de Titanic à la mode new wave ? Oui mais non, c’est un peu plus que ça peut être. J’ai donc regardé ce clip ce matin, à moitié fascinée par ce que je voyais. Dés la première image, ce sont les portes de la penderie qui se referment sur la lande déserte, et en ces temps plus que troubles le parallèle avec la situation actuelle nous atteint de façon un tantinet cinglante. Le reste du clip, rythmé par une respiration oppressée et saccadée, met en scène le groupe en train de jouer sa chanson avec ce qui lui tombe sous la main. Parce que oui quand on est confinés dans une penderie c’est un peu compliqué de reconstitué un big band avec cuivres et tout le toutim… Et d’ailleurs si la chanson est clairement typique de la new wave des années 80 avec synthés prédominants, la fin du morceau sonne de plus en plus jazz band, apportant encore plus de décalage entre l’exiguïté du placard et l’ampleur métallique du son.

Alors oui, je me suis souvenue de « Close to me » aujourd’hui probablement parce que c’est une des meilleurs expression musicale du malaise lié à la claustrophobie, à l’enfermement sous toutes ses formes. Parce que la musique c’est ça aussi, pas forcément un truc qui vous transcende par sa beauté mais quelque chose qui vous rappelle des moments de vie, des sentiments impalpables que vous ressentez sans trop savoir pourquoi.

Alors un peu de tristesse en redécouvrant ce titre pas forcément folichon ? Et bien non surtout pas. C’est une petite madeleine qui prend une dimension réconfortante, la dimension émotionnelle du placard qui plonge dans les flots ne vous apparaît pas clairement peut être ? Allons donc !
Allez écouter, plongez vous dans la claustrophobie new wave de « Close to me ». Vous allez voir ! Jouer de la guitare sur un peigne en agitant des poupées vaudou dans un placard a un effet salvateur pour diluer un peu les craintes du quotidien !!